Coopération transfrontalière : chasse, gestion des espèces et santé de la faune entre la Navarre et les Pyrénées-Atlantiques
Le 8 février 2024, la Fédération des Chasseurs de Navarre (Pays Basque Sud) a reçu ses homologues de la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Atlantiques à son siège à Pampelune, afin d’échanger sur des sujets d’actualité liés à la chasse. Différents thèmes ont été abordés, notamment les maladies de la faune sauvage, l’organisation générale de la chasse et la gestion des espèces chassables.
Suite à cette rencontre, en mars 2024, le président de la Fédération navarraise, José Angel Remirez, et M. Philippe Etcheveste, alors président de la Fédération des Chasseurs des Pyrénées-Atlantiques, ont signé une convention de partenariat pour renforcer les échanges transfrontaliers.
Le 13 novembre 2024, une seconde réunion a eu lieu au siège de la Fédération Départementale des Chasseurs des Pyrénées-Atlantiques. Ce fut l’occasion pour M. Remirez de rencontrer le nouveau président, M. Didier Garat. L’ordre du jour principal portait sur les avancées relatives à la maladie d’Aujeszky, une pathologie touchant les sangliers et pouvant être fatale aux chiens de chasse. Cette maladie entraîne en effet la mort quasi immédiate des chiens (en moins de 48 heures), provoquant des souffrances importantes.
En Navarre, entre 25 % des sangliers au nord et jusqu’à 60 % au sud sont porteurs de ce virus. La Fédération des Chasseurs de Navarre travaille en étroite collaboration avec un vétérinaire pour le suivi et les démarches à entreprendre afin d’éviter toute contamination. Les Navarrais ont été intéressés de découvrir que, côté français, le suivi des zoonoses (maladies de la faune sauvage) est assuré via le réseau Sagir, dirigé par la vétérinaire Eva Faure.
Le technicien David Acheritogaray leur a présenté les dernières actualités sur la maladie et les résultats d’une étude menée par la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC) dans le sud-est de la France sur la vaccination des chiens. Les deux territoires appliquent des protocoles similaires, bien que les Basques du Sud n’aient pas encore commencé à vacciner leurs chiens. En France comme en Espagne, environ 20 % des sangliers sont porteurs de la maladie. Toutefois, le virus ne se développe que sous l’effet d’un stress important et d’une forte concentration d’animaux, ce qui peut alors le rendre contagieux pour les chiens de chasse
Si la maladie est présente dans une population, les sangliers n’en meurent pas, mais leur fertilité diminue significativement. Les chiens peuvent être contaminés soit par contact direct avec un animal au ferme (où des sécrétions buccales peuvent être projetées), soit par ingestion d’abats de sangliers.
Les recommandations incluent donc de limiter ces contacts, même si cela reste difficile pour les chiens mordeurs, et surtout de ne pas donner d’abats aux chiens.
La vaccination des chiens, à l’aide d’un vaccin conçu pour les porcs, est fortement conseillée. Bien que le vaccin n’offre pas une immunité totale, une étude française a montré qu’un chien vacciné sur deux en contact avec le virus ne développe pas la maladie. Les vétérinaires des deux fédérations resteront en contact pour échanger sur le suivi de la maladie et informer leurs présidents respectifs.
D’autres sujets ont été abordés, notamment le suivi des populations de cerfs dans les zones frontalières, les espèces migratrices telles que la palombe et la bécasse, la gestion des territoires de chasse, les conflits d’usage avec d’autres acteurs et la gestion des espèces protégées ou chassables (loup, ours, gypaète).
Ces discussions variées prouvent qu’au-delà des frontières, les enjeux restent les mêmes. Une coopération renforcée est essentielle pour préserver la faune sauvage et promouvoir une chasse durable. Comme autrefois, lorsque les contrebandiers au Pays Basque suivaient les traces de la faune sauvage pour traverser la frontière, ces échanges d’expérience permettent aujourd’hui de mieux comprendre et gérer nos territoires communs.